L'église de Sciecq
Texte rédigé à
partir du livre de l'abbé Suire
"SCIECQ - Essai
historique" (1933)
Description
L'église
"Sainte Madeleine" mesure intérieurement 25 m de longueur, 6,70 m de
largeur dans la partie postérieure et 5 m au niveau du chœur. Les murs
mesurent jusqu'à 1,60 m d'épaisseur.
Elle
comporte 4 travées. Les deux travées près du choeur sont d'origine.
Quatre
fenêtres ont gardé leur forme ancienne : les embrasures vont en
s'élargissant de l'extérieur vers l'intérieur et leur épaisseur est
occupée par un escalier de 6 à 7 marches. Sur le mur Sud, 3 fenêtres,
plus larges et plus récentes, apportent la lumière.
Fenêtre
coté Nord
Le clocher
et la voûte de la nef furent brûlés lors des guerres de religion. Le
clocher fut reconstruit en 1870.
La
partie la plus ancienne est aussi la mieux travaillée, tant à
l'extérieur (fenêtre du chœur) qu'à l'intérieur (les deux premiers
chapiteaux).
Vue
extérieure du coté Est, la
fenêtre du choeur.
Les sculptures des chapiteaux
représentent des animaux symboliques. Celles du côté Nord, près du
chœur, font penser à un combat de centaures qui chevauchent en
décochant leurs flèches sur des ennemis inexistants qui les poursuivent.
A
l'entrée de l'abside, à gauche, en haut, on peut relever un texte
vraisemblablement destiné à présenter une peinture désormais
absente : « Caillaud P. (prêtre) en 1545 F. de Lymoges ». De Lymoges
est le nom d'une famille habitant Sciecq à cette époque là.
Texte « Caillaud P. (prêtre) en
1545 F. de Lymoges »
Comme
dans certaines églises, il existe au Sud, une grande porte latérale,
actuellement murée, qui a été l'objet de soins particuliers. Ses
sculptures se rapprochent sensiblement de celles qui ornent la fenêtre
qui est au-dessus de l'autel. Extérieurement, elle se trouve enfouie
jusqu'à la moitié de sa hauteur. De sorte que l'on ne voit pas la base
des colonnes, qui supportent un bel arceau orné de sculptures romanes.
Des animaux symboliques ornent les chapiteaux des colonnes.
La grande porte,
celle qui fait face à l'autel, est d'un style plus récent.
La
porte d'entrée
A
l'extérieur, à droite de la tourelle de l'escalier menant au clocher,
vers le sommet, on peut voir une coquille Saint-Jacques sculptée.
La
coquille Saint-Jacques
L'église
fut plus ou moins laissée à l'abandon de 1792 à 1842. C'est à partir de
cette époque que le sanctuaire fut pavé, les fonts baptismaux réparés,
le plafond en plâtre refait, que des bancs, un chemin de croix, la
chaire et autres objets furent achetés ou fabriqués.
La voûte
fut peinte par le prêtre E. Bonnin, curé de 1867 à 1878. La cloche,
nommée Marie-Elizabeth, fut installée en 1866.
La voûte
La sacristie
La
sacristie actuelle était déjà en place en 1811, lorsque fut faite sa
restitution à la commune. Il en existe une preuve écrite. La porte de
cette sacristie, déjà délabrée, ouvrant sur l'ancienne fruitière de la
cure (jardin de la cure actuelle), donna lieu, en 1833, à un différend
entre la municipalité et M. Gentilz, alors propriétaire du jardin et
maire de Sciecq.
Façade
Est de la sacristie
Cette
porte constituait une servitude gênante pour M. Gentilz ; il
voulut la faire murer. Il s'adressa au Préfet pour en obtenir la
fermeture. Il fallait donner une raison. M. Gentilz imagina
que les
enfants de chœur utilisaient cette porte pour aller goûter aux fruits
de son jardin. Le Préfet en référa au Conseil municipal, qui refusa,
net, de croire à une pareille incartade des enfants de chœur. Et la
porte resta en place.
Mais,
ce minuscule incident faillit causer une grave difficulté, lorsque, en
1851, le Conseil municipal décida de construire un presbytère. On avait
choisi l'emplacement de l'ancien jardin, dont M. Gentilz était encore
propriétaire. Celui-ci se souvint de l'opposition de ses anciens
collègues à la Mairie. Il refusa la vente. Heureusement, M. Gentilz
avait un ami, qui était également ami des conseillers municipaux. Cet
ami proposa à M. Gentilz d'acheter son jardin ; puis, il céda
son
acquisition à ses autres amis, tout en se réservant une petite part sur
l'opération.
Cependant,
il est certain que la sacristie primitive ne fut point construite à la
place qu'elle occupait au moment de la Révolution, et qu'elle occupe
encore, sauf un léger déplacement depuis sa reconstruction en 1892.
Elle avait, en effet, sa porte de communication avec l'église très
imprudemment pratiquée en-dessous de la grande fenêtre qui éclaire le
sanctuaire ; et la séparation entre le sommet de la porte et
la
base de la fenêtre n'avait l'épaisseur que de quelques centimètres, ce
qui ébranlait cette partie du monument.
On
peut raisonnablement en conclure que la sacristie primitive ne fut pas
construite sur l'emplacement de la sacristie actuelle et que ce fut
elle qui fut incendiée aux Guerres de Religion, le long du mur Nord.
Histoire
Les
archéologues classent l'église parmi les « Romanes »
;
l'historien Baugier la situe au XIe siècle ; d'autres, les
plus
nombreux, la datent du XIIe siècle ; enfin, quelques-uns
veulent y
voir des vestiges du XIIIe.
Dans
les archives paroissiales, il est conservé une description sommaire de
l'édifice, faite par M. Briand, l'architecte qui fut chargé, en 1870,
de la reconstruction du clocher. Le document était adressé au Ministre,
et, par conséquent, les renseignements qu'il donne sont précis.
« Ce
sanctuaire, qui date du milieu du XIIe siècle, dut être surmonté,
suivant l'usage de l'époque, d'une tour carrée, comme l'attestent
l'épaisseur des murs et aussi l'existence d'un tourelle tronquée, qui
conduit sur les voûtes. »
« L'édifice
offre encore une magnifique page d'architecture romane secondaire. Les
deux travées du chœur et de l'abside sont dans un état parfait de
conservation, mais, le clocher et la voûte de la nef ont disparu. Le
tout fut rasé et brûlé par les huguenots. Les murailles portent encore
les traces profondes de l'incendie. »
« Le
culte dut être interrompu pendant une période d'années assez
longue ; car les réparations, fort incomplètes du reste, sont
d'une époque de beaucoup postérieure. »
Même dans les parties
restées intactes, il est évident que le bâtiment fut construit en
plusieurs fois.
A
qui l'attribuer ? Aux comtes de Poitiers ? Ou à
Boveron, que
les « Hommages d'Alphonse de Poitiers » représentent
comme le
seigneur du territoire de Sérigny, Saint-Rémy, Faye, Saint-Maxire,
peut-être Salbeuf ?
Aurait-elle
été achevée par la famille Pouvreau, qui incontestablement possédait
Sciecq depuis une époque assez reculée, puisque un acte de 1304
consacre le partage du bien d'un Hugues Pouvreau, fait par sa veuve, à
leurs enfants ?
La
question reste ouverte.
Financement
Depuis
sa construction, l'église a eu besoin de nombreuses réparations. La
sacristie, par exemple, fut reconstruite avant 1789. Les frais en
furent supportés par la
fabrique, aidée, parfois,
par des donateurs généreux.
C'est
ainsi que deux paroissiens laissèrent une partie de leur héritage pour
réparer l'église : Mathurin X, qui donna la moitié de ses biens, et
Marie Foueschon, qui, le 9 janvier 1678, les donne tous.
L'église
de Sciecq possédait 106 boisselées de terre labourable, quatre
quartiers de prés environ, dix boisselées de bois, des vignes, une
cure, des jardins, une fruitière. Elle possédait également un droit sur
le prieuré de Croisette (Croisé) Croisic, à Surimeau, dont le revenu
était d'abord de 300 livres, et plus tard de 800 livres. Il fut donné
aux Oratoriens de Niort, en 1782.
La
Révolution emporta tout : les biens de l'église, les objets du
culte, les ornements sacerdotaux, la cloche, l'église et la cure.
Les
terres de la cure furent vendues, le 14 février 1791, le même jour que
celles de la Seigneurie. Elles eurent le même acquéreur : J.
B.
Martin de Montreuil, beau-frère du curé Piet-Berton, par son mariage
avec Marie-Judith Piet-Berton. Il les paya 21 200 livres.
Le
Prieuré de Croisé fut vendu un autre jour parce qu'il dépendait de la
commune de Sainte-Pezenne et était passé à l'Oratoire de Niort.
A la Révolution, le fermier, Gabriel Mériot, donnait 997 livres pour le
fermage.
Le
5 floréal, an V (24 avril 1797), le jardin ou fruitière de la cure fut
vendu 792 livres. Le 6 prairial an VI (14 mai 1798), la cure de Sciecq
et un jardin, situé derrière l'église, furent vendus 3 410 livres.
L'église fut vendue le 14 floréal, an VI (22 avril 1798) pour la somme
de 4 000 livres. Elle finit par être transformée en magasin à fourrages
et en écurie, ainsi que celle de Saint-Maxire, pour les chevaux
destinés à l'armée de Vendée.
Par
un acte en date du 24 août 181l, 1'église fut restituée à la commune et
à ses habitants, par « donation entre vifs, irrévocable et
gratuite ». Mais, par l'emploi qui en avait été fait pendant
plusieurs années, elle se trouvait en très mauvais état au moment de
cette restitution.
Le
service religieux ne put être célébré dans l'église dévastée aussitôt
après sa restitution. Beaucoup de cérémonies se faisaient à
Sainte-Pezenne auquel Sciecq était rattaché. Mais, de bonne heure, l'on
se préoccupa de préparer la venue d'un curé résidant. Ce n'était pas
facile pour une petite commune, où il n'y avait aucunes ressources.
Mais, dès 1833, au moment de l'incident entre M. Gentilz et les
conseillers municipaux, au sujet de la porte de la sacristie, on
pensait à une restauration comp1ète du culte dans la commune.
Pour
disposer l'évêché en leur faveur, les conseillers votent, en 1837, une
somme de 100 francs, pour réparations à l'église. En 1838, nouveau vote
de 100 francs, pour achat d'ornements. En 1840, 100 francs sont votés
pour le logement du prêtre qui vient desservir la localité.
Enfin,
le 2 novembre 1851, le Conseil municipal se réunit pour s'occuper du
projet de construction d'un presbytère. L'ancien avait été
vendu ;
il avait du être construit après 1730, puisque Alexandre Potier, alors
curé, de 1720 à 1732, déclare qu'il n'a pas de presbytère. Il ne fut
pas non plus construit sous M. Beaulieu, curé de 1749 à 1777. Son
impécuniosité qui le rendit, pendant plusieurs années, le tributaire
des Oratoriens ne permet pas de supposer qu'il s'occupa de la
construction d'un presbytère. Ce fut probablement, comme l'indiquerait
son genre de construction, M. Piet-Berton qui le fit construire, vers
1780. Sa situation de fortune, celle de ses nombreux frères et neveux,
qui fréquentaient la paroisse, qui s'y mariaient, qui y faisaient
baptiser leurs enfants et dont quelques-uns y résidaient, donnent à
penser que ce fut lui qui dota sa paroisse de ce vaste local. Mais en
1851, il ne fallait pas penser à le reprendre. Aussi, dans cette séance
du 2 novembre 1851, le Conseil municipal décide l'achat, pour 800
francs, du terrain sur lequel s'élèvera le nouveau presbytère.
Le devis de la
construction se monte à 7 080 francs.
La
commune versera 2 580 et demandera au Préfet d'obtenir le
reste :
4 100 francs. Les habitants fourniront le transport des matériaux.
Le
4 mai 1852, le Conseil municipal vote un impôt de 0,10 pour cent pour
cet effet. Enfin, le 3 octobre de la même année, le Préfet avise la
commune que l'Etat accorde une somme de 3 000 francs. M. Bouchon, alors
président du Conseil de fabrique et animateur de l'entreprise, facilite
l'achèvement de la construction par des avances et par des dons.
Ce
fut sous M. Echillet que l'habitation fut organisée et le jardin planté
car, en 1858, le Conseil municipal vote une somme de 90 francs pour
plantation d'arbres fruitiers dans le jardin de la cure.
M.
Merlet obtint la création de la citerne et des servitudes en 1864. La
commune et l'Etat donnèrent, chacun, une somme de 300 francs.
Texte
rédigé par Christian Goussard à
partir du livre de l'abbé Suire
Photos
Joël Jarry
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