Le 11 Novembre
source archives de l'écoleLA PATRIE AUX SOLDATS MORTS
Vous ne reverrez plus les monts, les bois, la terre,
Beaux yeux de mes soldats qui n'aviez que vingt ans
Et qui êtes tombés, en ce dernier printemps,
Où plus que jamais douce apparut la lumière.
On n'osait plus songer aux champs d'or
Que l'aube revêtait de sa gloire irisée ;
La guerre occupait tout de sa sombre pensée
Quand, au fond des hameaux, on apprit votre mort.
Hélas ! où sont vos corps jeunes, puissants et fous,
Où, vos bras et vos mains et les gestes superbes
Qu'avec la grande faux vous faisiez dans les herbes ?
Hélas ! La nuit immense est descendue en vous.
Vos mères ont pleuré dans la chaumière close :
Vos amantes ont dit leur peine aux gens des bourgs ;
On a parlé de vous tristement, tous les jours,
Et puis un soir d'automne on parla d'autre chose.
Mais je ne veux pas, Moi, qu'on voile vos noms clairs,
Vous qui dormez là-bas dans un sol de bataille
Où s'enfoncent encor les blocs de la mitraille,
Quand de nouveaux combats opposent leurs éclairs.
Je recueille en mon coeur votre gloire meurtrie,
Je renverse sur vous les feux de mes flambeaux
Et je monte la garde autour de vos tombeaux,
Moi qui suis l'avenir, parce que la Patrie.
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